Friday, April 12, 2013

Busking à Montréal (1/2)

En 2010 alors que j'étudiais à Montréal j'ai eu mes premières expériences de busking. En effet le métro Montréalais offre des emplacements réservés aux artistes dans la plupart des stations de métro. L'emplacement est indiqué par un panneau représentant une lyre blanche sur fond bleu.

Comme j'étais étudiante et que j'avais la bougeote, je me suis dit que ce serait une chouette façon d'arrondir les fins de mois et de me permettre de bouger les week ends.
Je me suis donc rapidement renseignée sur le fonctionnement de la chose: en fait  les musiciens ont mis en place un système informel de réservation de l'emplacement qu'ils gèrent de façon autonome. En gros la ville et la société du métro ne s'en occupaient pas. La bonne nouvelle pour moi moi c'était qu'à l'époque il n'y avait pas besoin d'un permis pour jouer (ça a changé depuis, maintenant  il faut passer une audition et il y a un quota).

Pleine d'énergie et d'enthousiasme je me levais donc à 5h30 le matin pour aller faire ma tournée des stations de métro et réserver mes emplacements pour la journée. C'était premier arrivé premier servi, et dans les stations les plus fréquentées mieux valait arriver de bonne heure. Et Montréal c'est grand! Il fallait en génral compter une heure à une heure et demi pour faire une tournée de 4 5 stations et revenir à la colloc' pour le petit dèj avant d'aller en cours: tout un programme!

Mes stations de prédilection étaient Jean Talon et Sherbrooke, avec aussi Snowdon et quelques autres stations dont je ne me souviens plus du nom. La station Berry Uquam était le Saint Graal (genre la station centrale au croisement de trois lignes de métro différentes en plein coeur de la ville), et donc également la plus disputée. Son fonctionnement était différent des autres stations tellement l'enjeu était important. Pour réserver un créneau il fallait se présenter la veille vers 23h30 et les heureux élus étaient tirés au sort, et du coup ne choisissaient pas forcément leur créneau. Bref du coup je n'allais pas à Berry Uquam et me contentait des autres plus petites stations au fonctionnement plus friendly.

Un bout de papier déposé par le premier musicien de la journée faisait office de feuille de planning pour l'ensemble du groupe. Le but du jeu en arrivant à un emplacement était déjà de trouver où était caché ce petit bout de papier, le plus souvent replié et coincé entre le panneau et le mur. Et d'y ajouter son petit nom devant l'heure de son choix.
J'ai vite compris qu'un bout de papier n'ayant aucune valeur officielle peut facilement être remplacé par un autre. Et que certains n'avaient aucun scrupule à le faire. Le classic c'était d'arriver à l'heure que l'on avait courageusement réservée tôt le matin pour découvrir qu'un autre musicien visiblement bien installé occupait déjà la place, et vous montrait avec aplomb un nouveau papier de planning qui ne ressemblait en rien à celui sur lequel vous aviez apposé votre nom ce matin là. C'était mort.

J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer dans le métro de Montréal: selon les stations l'acoustique pouvait être sympa, avec finalement assez peu de bruit, une bonne résonnance pour bien se faire entendre même avec une guitare acoustique. Les gens respectent les buskers et ont l'habitude, et l'on n'est pas embêté. Parfois quelqu'un vient échanger quelques mots avec vous, certaines personnes prennent même votre photo! Et l'on y fait la rencontre des autres buskers venus de tous horizons, même s'il faut bien dire que nombre d'entre eux venaient d'un coin ou l'autre de l'Amérique Latine. D'ailleurs à un moment donné une pétition circulait contre les joueurs de flûte de paon dont les locaux commençaient à faire une overdose!


En échangeant avec plusieurs de ces musiciens j'ai découvert que certains d'entre eux vivaient exclusivement du busking, et jouaient jusqu'à huit heures par jour! Il faut s'imaginer la performance physique et psychologique que cela représente!

Pour ma part c'était avant tout un plaisir et une façon de gagner un peu d'argent supplémentaire pour mes voyages. Comme j'étais en échange universitaire d'autres étudiants m'ont vu jouer dans le métro, et il était intéressant de voir leur réaction. La plupart trouvaient ça chouette. Mais il y avait aussi ceux qui ne comprenaient pas et considéraient les buskers comme des mendiants, et étaient même choqués!

Mon matériel de busking était constitué d'un ampli portable de la marque Pignose, qui consommait 6 piles en 4h et goinfrait une part de mes profits! Ma guitare était une petite télécaster de la marque Squier achetée sur place chez Steve's Music dans le vieux Montréal. Je ne chantais  pas encore à l'époque et je faisais éssentiellement des instrumentaux blues rock, pas mal de Jimi, de Clapton, de Queen... ça marchait plutôt bien! Je travaillais également beaucoup ma guitare slide, et mes blues au bottleneck me valaient l'appréciation des connaisseurs. J'ai remarqué que je gagnais la même somme en jouant des morceaux populaires qu'en jouant quelquechose d'aussi ciblé que du blues, car les gens ne donnaient pas de la même façon. Pour Crazy Little thing called love de queen beaucoup de gens donnaient un petit peu, la monnaie qu'ils avaient dans leur poche en passant. Alors que pour le blues seule un poignée de gens s'arrêtaient et les retombées pécunières étaient plus éparses, mais comme c'était des passionnés et qu'ils avaient un coup de coeur, ils étaient sans doute plus généreux! Je garde en tout cas de bons souvenirs de cette première immersion dans le monde du busking.





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